Présidentielles : La Conférence des évêques de France appelle à voter avec discernement sans donner de consignes de vote

À moins de trois mois de l’élection présidentielle, les évêques de France s’adressent aux candidats et aux catholiques de France dans un texte intitulé « L’espérance ne déçoit pas ». S’ils appellent à voter, affirmant qu’il s’agit d’un « devoir », ils ne donnent pas de consignes de vote.
Mardi 18 janvier, la Conférence des évêques de France (CEF) a présenté un texte intitulé « L’espérance ne déçoit pas » (Coédition Bayard - Cerf - Mame), un document de réflexion et de discernement sur les enjeux des prochaines élections, comme elle le fait à chaque élection présidentielle et législative depuis 2006, selon Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la CEF.
Prenant la parole « avec humilité » après les derniers mois consacrés au rapport Sauvé et la lutte contre la pédocriminalité dans l’Eglise, l’épiscopat français précise d’emblée : « Nous ne donnons ni ne donnerons de consignes de vote ». Mais il encourage à aller voter, jugeant qu' »assumer cette responsabilité est un devoir ».
Le texte, qui est disponible en librairie dès aujourd’hui, ne fait en effet aucune référence aux candidats à la présidentielle, aux partis ou à des éléments de programme.
« Notre attitude est de considérer les Français comme des citoyens adultes, ils n’ont pas besoin que des tuteurs leur disent pour qui voter ou ne pas voter », a déclaré le président de la CEF devant les journalistes.
« Il ne faut pas cléricaliser le vote », a ajouté Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, reconnaissant un texte « à la neutralité partisane ». Il a précisé que chaque évêque aurait cependant « toute latitude pour prendre la parole » de manière individuelle.
Polémique des « racines chrétiennes »
Interrogé sur les candidats, tel Eric Zemmour (Reconquête!), qui se prévalent de « l’héritage des racines chrétiennes », Eric de Moulins-Beaufort répond :
« Tous les candidats, j’espère, (...) sont capables de reconnaître l’héritage chrétien de notre pays. Mais il faut aussi bien comprendre ce que voudrait dire des valeurs chrétiennes, des racines chrétiennes. Les valeurs ne sont pas tant à défendre qu’à choisir. »
« Nous voulons affirmer que le christianisme est une force d’ouverture, d’intégration et de dialogue pour avancer positivement vers l’avenir », a-t-il ajouté.
Mgr Rougé l’assure: face à « l’instrumentalisation du religieux en général et de l’église catholique en particulier » - « une tentation globale de beaucoup de candidats » - les « chrétiens ne sont pas dupes ».
Vivre ensemble, respect de la vie humaine, écologie, migrants...
La thématique centrale de ce document de soixante pages est, selon le président de la CEF, la promotion du « vivre ensemble en paix ».
« La première thématique et le fondement de tout ce que nous voulons dire est de rappeler que la vie en société surtout dans nos sociétés démocratiques part de la décision, du choix de vivre-ensemble en paix. C’est ce choix de vivre-ensemble en paix que nous croyons important de nourrir face à tout les motifs d’inquiétude qui peuvent habiter le cœur, les esprits aujourd’hui. »
L’Agence France Presse révèle que les évêques de France reviennent également sur quelques-uns de leurs « points de repères ». D’abord en réitérant leur « respect inconditionnel de toute vie humaine » en opposition au « recours à l’euthanasie » ou encore à l’allongement des délais d’autorisation d’interruption volontaire de grossesse.
Dans la lignée du pape François, la CEF prône « une écologie authentiquement intégrale », pour la « possibilité d’un autre mode de vie, plus sobre, moins centré sur la consommation », mais aussi « lutte contre la misère, l’habitat indigne et les conditions de vie dégradantes ».
Sur la question des migrants, les évêques rappellent les appels « prophétiques » du pape François à les accueillir avec « humanité » et « dignité ». Ils soulignent toutefois qu' »il ne s’agit pas de nier la légitimité de la régulation juridique des flux migratoires ».
Un texte à destination des catholiques et... des candidats
Interrogé par KTO, Eric de Moulins-Beaufort rappelle que le texte ne s’adresse pas seulement aux catholiques mais également aux candidats « pour leur indiquer les thèmes sur lesquels nous aimerions bien qu’ils se prononcent ou y réfléchissent ».
Il ajoute être conscient que « ce n’est pas l’État » ou « une élection qui va tous régler » mais que ce sera seulement grâce à « l’engagement de tout les citoyens et de tout les êtres humains » que l’humanité sera en mesure « de grandir dans son unité profonde et dans sa capacité de permettre à chacun de vivre le mieux possible ».
Camille Westphal Perrier (avec l’AFP)